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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 21:53

COVER ValgeirSigursson-400x400

Label: Bedroom Community

Date de sortie: Septembre 2012

Genre: Post-classical / Expérimental

 

La rentrée des classes ainsi que le début de l’automne et sa pluie maussade provoquent en moi un spleen qui s’amoncèle chaque année, semblable à une couche de poussière invisible me recouvrant inlassablement , et paradoxalement, presque agréablement. Me voilà blotti dans ma bulle pour le reste de l’année en attendant le retour du soleil libérateur. Tandis que l’œil se trouble, l’oreille n’est jamais mis autant à contribution que maintenant :  pour venir me rejoindre dans cet univers de délices acerbes, vous lecteur, n’avez simplement qu’a écouter le récent album de Valgeir Sigurðsson : Architecture of Loss qui déclenchera alors en vous un état d’apathie identique au mien.

Islande, terre jadis dirigé par la nature ; la mondialisation et le « progrès » n’ont cependant pas pu l’épargner, dévastant une bonne partie du paysage. Aujourd’hui elle n’est plus que l’ombre d’elle-même même si la beauté de certain lieux restera (je l’espère) à jamais immaculé. Le compositeur islandais s’est largement inspiré de ce thème à travers ces précédents albums comme Draumalandið, sorti en 2010 sur Bedroom Community tout comme ce dernier opus d’une profondeur glaciale. C’est aussi quelques semaines après la sortie d’Outliers, Vol. I: Iceland, œuvre marquante, faisant l’apologie de la pureté des paysages islandais et appuyé par des maestro de l’ambiant comme Eskmo, Sakamoto,ou encore Loscil ; que sort Architecture of Loss, monument dédié à l’ancienne gloire nordique et sa récente déchéance. J’appuyais alors sur naïvement sur play, ne sachant alors en rien, de ce qui allait se passer.

 

Guard Down ouvre l’album avec un black noise, des plus glaçant, très lisse, presque mystique. Les crins du violon entrent progressivement dans la pièce, mais leur cri est encore chevrotant, participant à une ambiance très glauque et expérimentale, digne des plus grands. Je ne peux alors à ce moment m’empêcher déjà de comparer ce morceau à celui de Vieo Abuingo : The Still and Sour Before the Storm, ouvrant lui aussi le magistral  Thunder May Have Ruined the Moment . Je m’égare peut-être, mais toujours est-il qu’ Architecture of Loss  possède bien des points commun avec ce dernier. Vient ensuite The Clumbring où la musique semble alors s’effondrer devant nos yeux ébahis et impuissants. Valgeir Sigurðsson est loin d’être un amateur dans la composition, après toute ces années de production dans l’ombre de Bjork ou de Feist n’auront pas été vaines : l’écriture néo- voire postclassique est infaillible, la richesse des paysages sonore l’est encore plus : le piano manié par Nico Muhly déroule ces notes frêles tandis que Nadia Sirota, violoniste du groupe, pousse le lyrisme à son paroxysme ; nous voici déjà plongé dans un abîme incommensurable de mélancolie. L’horizon grisaillé laisse par la suite entrevoir un paysage de plus en plus mutant, dès Between Monuments  l’influence électronique se fait de plus en plus sentir à travers des fields recordings, des glitchs tumultueux et des affluences « noise » qui participent à créer un parcours expérimental, pas forcément harassant, mais tout du moins tortueux. Big Reveal ainsi que Reverse Erased font parties des nombreuses perles que contient cet album.

 

Architecture of Loss n’est donc pas un album simple à déchiffrer, et c’est sans doute ce qui fait de lui une des meilleurs sortie du genre cette année. La fusion entre instruments classiques et numériques est dans cette œuvre totalement abouti dans la mesure où l’un parvient à compléter l’autre sans l’estomper. Une escapade qui peut s’avérer sinueuse mais qui vaut assurément le détour.

 

 

Raphaël Lenoir

 

 

Bonus: 

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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 13:17

indian wells

 

 

Label: Bad Panda records

Sortie: Juillet 2012

Genre: Electronica, Dubstep

 

 

Qui se cache derrière Indian Wells ? Nul ne le sait, l'homme cache son identité derrière son pseudo emprunté à un célèbre tournoi de tennis. Bad Panda records est quand à lui un label très atypique. Basé sur la devise «one free song every monday», ce label réinvente d'une certaine manière la relation à la musique. 

 

L'album commence d'une manière très singulière. En effet l'album débute avec «Winbledon 1980» une chanson merveilleusement construite autour d'un discours de commentateur sportif et de bruit de balles de tennis s’accommodant parfaitement avec les rythmiques saccadées de la track. Night Drops est un album extrêmement homogène organisé de la manière d'une rencontre de tennis, vous passerez donc par diverses stades: l'échauffement, la rencontre puis enfin l'après match pour finir d'une manière sereine. Le ton est donné, la musique d'Indian Wells ne vous laissera pas indifférent, d'ailleurs on ne sait pas trop ou la placer par rapport à la musique électronique, certains morceaux vous rappelleront l'electronica de Four Tet, d'autres vous conduiront dans des paysages plus dubstep qui vous évoqueront l'univers de Burial. L’atmosphère est donc assez sombre, avec des nappes très aériennes qui évolueront dans l'espace tout au long des morceaux dissimulant les samples de vinyle omniprésent dans cet LP. L'ensemble se heurte à des voix RNB sautillantes à l'image de «Love Frequency» et de son univers romantique totalement assumé. Au fur et à mesure que l'album avance le rythme s'accélère, l'album s'illumine, s'harmonise, comme si l'effort avait donné à l'artiste un bonheur qu'il devait retranscrire dans sa musique. 

 

Indian Wells par son album «Night Drops» nous montre comment un album sombre peut évoluer de manière linéaire vers un album plus enjoué. Bad Panda records frappe encore un grand coup en nous offrant un album de qualité en totale gratuité. 

 

 

Kartela

 

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14 août 2012 2 14 /08 /août /2012 20:38

guy-gerber-fabric-64.jpg

 

 

Genre: Deep House

Label: Fabric record

Sortie: Juillet 2012

 

 

Né en Israel en 1975 Guy Gerber est la figure montante de la scène deep house mondiale ! Son label Supplement Facts ainsi que ses récentes tracks comme «The Mirror Game» lui ont permis d’acquérir une stature internationale indéniable. Il nous offre ici sa première compilation mixé sur la prestigieuse série Fabric.

 

J'entendais tout récemment Maceo Plex et Levon Vincent dire que la House allait devenir beaucoup plus profonde, plus lente, et ainsi résolument plus Hypnotique. Au regard de l’actualité musicale de ces derniers temps ces paroles prennent une tournure prophétique. Guy Gerber suit totalement cette tendance (ce qui n'est pas sans nous déplaire) ! La première chose qui nous frappe sur ce mix c'est la tracklisting qui contient exclusivement des morceaux de l'israélien. Le seul DJ ayant eu cette audace avant lui est Ricardo Villalobos sur l'incroyable Fabric 36, le parallèle entre ces deux artistes d'ailleurs est tout simplement énorme. Cette tracklisting permet de se rendre compte de la régularité et de l'uniformisation des track de Guy Gerber formant un mix parfaitement homogène. L’atmosphère est lente, profonde et fermement émotionnelle. Toutes les pistes regorgent de nappes atmosphérique résolument romantique rendant l'auditeur dans un état de véritable transe. Paradoxalement même si le romantisme de cette album est tangible l'ambiance de l'ensemble sait se montrer dark et mélancolique grâce a la répétition des rythmiques binaires si chère a la house. Les enchaînements sont d'une sobriété exemplaire et ne sont que très peu identifiables ce qui permet à l'auditeur de conserver son état semi végétatif.

 

Pari risqué, mais pari totalement assumé et réussis. Cette compilation fait l'honneur de la série Fabric et permet a Guy Gerber de solidifier sa stature de nouvelle icône de la deep mondiale.

 

Kartela   

 

 

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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 15:28

Ruby-My-Dear.jpg

Label: AdNoiseam

Date de sortie: Juillet 2012

Genre: Breakcore

 

 

Ainsi donc me voilà à chroniquer du breakcore alors que j'avais mis de coté ce genre il y a quelques années de cela, lorsque la perfection du genre était atteinte par Venetian Snares - mes hongrois préférés – avec leur album tout aussi imprononçable que génial. Cependant il faut avouer que Ruby My Dear ne fait pas du breakcore comme les autres, ce français d'origine (tiens, tiens, tiens....) a choisi pour promouvoir son premier long format, le label tant indépendant qu'indispensable à la scène électronique actuelle, j'ai nommé AdNoiseam.

A la lueur de la pochette et du titre de l'album: Remains Of Shapes To Come on s'attend forcément à un album sombre et froid (pléonasme inutile je le sais bien, mais vu que c'est ma chronique je fais un peu ce que je veux -smiley-), cependant lors de l'écoute on pourra nuancer cette première impression, car le breakcore de RMD n'est pas si occulte et si abstrus que cela.

 

Mieux, on entre dans cette album avant-gardiste dans une sorte de tunnel, j'ai envie de dire, on ne sait pas vers quoi on se dirige mais on avance inlassablement avec cette intro mélodique et un brin mélancolique qui nous projette déjà dans les méandres de notre inconscient. On aura par la suite plusieurs morceaux comme cela, posés avec délicatesse (par rapport au reste de l'album j'entends bien) et très soignés jusqu'au moindre détails et qui feront offices de pauses salvatrices durant l 'écoute de cet album. C'est d'ailleurs là où réside l'intelligence de RMD, dans la structure de cet album où les titres se suivent ne se ressemblent pas mais forment une entité à part entière totalement homogène et qui maintient en haleine l'auditeur sans l'abrutir. En effet dans la plupart des albums de breakcore actuel on ne fait plus qu'envoyer des grosses rythmiques qui tabassent, certes mais qui, à moyen terme, nuit à une écoute prolongée. C'est par cet aspect mélodieux, léger et downtempo que le français se rapproche des travaux de Bonobo ou de Slugabed lorsqu'ils étaient encore au sommet, car à tout moment on a un niveau de détails presque inédit pour ce genre de musique. Il faudra par conséquent une écoute très attentive pour saisir toutes les idée qui regorgent dans cet album, certaines pistes tel Syuma, Pannonica ou encore L.O.M. sont comme des canevas entre glitchs finement ciselées, des thèmes joués au synthé fallacieusement vieilli et des samples très (très, très) variés - allant du reggae aux émissions de série z en passant par du rap - qu'il faudra lentement dénouer afin de comprendre le sens véritable de cette œuvre.

Mais ROSTC reste tout de même un album très viril: Rubber's Head, Karoshi, Monk's Dream, Chazz et j'en passe, envoient (pardonnez moi l'expression, mais il fallait bien ça) le pâté d'sa mère, avec un groove imparable pas loin du drill et du dubtep, un breakcore qui a assurément du pédigrée et qui attaque de tout les front en utilisant toutes les fréquences possibles et imaginables pour vous en mettre plein la vue; des morceaux toujours en mouvement mais qui, cette fois çi, partent à une vitesse folle, quasi insoutenable mais qui bizarrement soulage, voire provoque un certain bien-être; blotti au fond du sofa.

 

Voilà ce qu'il faudra retenir de ce premier essai totalement transformé par RMD: un album racée et toujours en mouvement. L'alternance entre morceaux qui attaquent et bousculent nos pensées et ceux qui les apaisent est très bien pensée et finement exécutée. Difficile de s'ennuyer lors de l'écoute qui fera apparaître au fur et à mesure des éléments inattendu ou que l'on avais pas encore remarqué. Entre downtempo quelque peu éclairé et drill'n bass acharnée, Remains Of Shapes To Come fera figure de référence cette année alors que le genre s'épuisait depuis quelques temps, on a enfin de la musique et non pas du son, Ruby My Dear à travers un mélomane averti, nous quitte d'ailleurs sur ces mots:

« J'aime beaucoup la musique et je suis conscient qu'elle doive suivre certaines évolutions et chercher des nouveaux chemins, des nouveaux moyens aussi pour pouvoir s'exprimer techniquement, mais je pense qu'il y a des moment où on est plus dans la musique, mais dans le son; c'est à dire une onde qui circule dans l'air, qui atteint le tympan et qui a une forte/basse intensité. Pour moi la musique c'est l'harmonie, ça suscite des sentiments; ça élève. Dès qu'on passe une culture du son qui n'élève pas l'être humain, qui le fait ramper à 4 pattes, ou mordre son voisin et ou lui ficher des baffes; pour moi ce n'est plus de la musique. »

A Méditer...

 

 

Raphaël Lenoir

 


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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 12:56

Volor-Flex-My-Story.jpg

 

 

Genre: Ambiant Dubstep

Sortie: Mai 2012

Label: Dark Glover

 

 

Que dire à propos de Volor Flex, personnage excessivement mystérieux, l'homme se cache derrière son pseudonyme. On sait juste qu'il est russe qu'il s’appelle Alexandr Frolov et qu'il voue un culte sans modération au mythique Burial.

 

Dès les premiers morceaux on sait instantanément où l'artiste veut nous mener, dans son histoire, son influence, Burial ! La ressemblance est troublante, désagréable, mais paradoxalement un brin excitante, l'homme a le courage de s'attaquer à la légende, cet exercice est si délicat que l'audace dont Volor Flex fait preuve doit être soulignée. De plus, l'homme a l’honnêteté d'assumer cette filiation, en se cataloguant lui même comme un simple fan ayant voulu rendre un hommage au mythe incontesté. Après avoir parler du contexte, intéressons nous au fond de l'album maintenant, voyons si l'homme à accomplis avec brio son témoignage d'affection pour Burial. Indéniablement oui, le disque est magnifique, sans fausse notes, à l'image d'un disque du maître. L'ambiance est profonde, colorée d'une extrême noirceur par les nappes sourdes, voilées, graves des morceaux. Volor Flex parvient même à apporter une touche personnelle à l'ensemble grâce à l'omniprésence du piano rendant l'union des morceaux moins industrielle, moins homogène et sans aucun doute plus organique.

 

Le résultat est sans appel, un album remplit d'émotion, de charme, et d'ingéniosité dans la production. «My Story» reste un de ces albums à prendre non pas comme une entité propre mais plutôt comme un hommage rendus d'un artiste à un autre en s'implantant dans son identité. Objectivement si vous êtes un fan de Burial, vous aimerez cet album. Je crois même que Burial aurait été fière d'avoir composé cet album, mais bon cela reste que des spéculations naïves.

 

 

Kartela

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 11:56

kirk.jpg

 

 

Allez pour une fois, on va chroniquer un EP plutôt « musclé ».

 

D'avantage connu sous le nom de « As One », le britannique et assez discret Kirk Degiorgio est pourtant un vétéran de la scène électronique, produisant des disques depuis 1991, auteur du classique Nairobi (sorti originellement sur New Religion en 2001) et fondateur du très recommandable label techno ART (Applied Rhythmic Technology).

 

Il revient sous son propre nom sur l'historique label Planet E de Carl Craig, pour un maxi techno pur et dur dans la veine de Detroit.

 

Ca commence fort avec « The Golden Aspect », tout droit sorti des années 90 : gros kick à 132 BPM (ce qui est plutôt rapide comparé à ce qui se fait aujourd'hui), des sonorités acid et une bassline qui fait le strict minimum histoire de donner un peu de groove à tout ça. C'est « pumpin », ça donne envie de danser, et ma fois ça fait du bien ! À 3mn30 de la fin, un bon synthé vient donner la touche mélodique qui manquait. Un sans faute !

 

« I Hear Symphonies » est plus soft. Le tempo n'est plus « que de » 127 bpm, la rhythmique plus coulante et surtout une nappe de synthé très chouette nous accompagne tout au long du morceau. Plus trippant, moins fougueux et plus aérien que la « face A », ce track vaut tout autant le détour.

 

Un très bel EP à avoir pour les fans de techno pure « des origines », une techno qui sait se montrer parfois brute mais pleine d’émotion.

 

Tracklisting :

1. The Golden Aspect

2. I Hear Symphonies

 

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 15:24
Ametsub All is Silence 400x356
Label: nothings66
Date de sortie: Juin 2012
Genre: Electronica contemplative

 

           Adoubé par ni plus ni moins que Ryuichi Sakamoto en 2009 pour son Nothing Of The North LP, Ametsub remet le couvert en ce doux moi de juin avec All Is Silence, long format nébuleux entre électronica et ambient dans un style très contemplatif qu’affectionnent particulièrement les japonais. Car si la carrière du nippon a pris de l’ampleur dès 2009 à travers ses compositions mêlant piano glitché et ambiant, beaucoup de personnes l’attendaient au tournant pour confirmer tout le bien que l’on pensait de lui. Tout est silence, voilà donc le message paradoxal passé par la pochette lorsque l’on sait que les morceaux de cet album sont en partie composé de divers fields recordings amassé aux 4 coins du globe durant sa récente tournée. 

 

                Lors de la première écoute inutile de dire que j’ai pris une claque monumentale, bluffé par la maîtrise du japonais dans l’agencement des sons. On retrouve la patte poétique unique qu’ont les habitants du pays du soleil levant, je pense particulièrement à Geskia!, à Shigeto ou encore à Sakamoto en disant cela car de leur musique se dégage une grâce certaine reconnaissable entre mille. Ametsub a muri ; sa musique se fait plus électronique, plus chargé en instruments mais, étrangement, plus légère en soi. Chaque seconde est travaillé à l’extrême, la pulsation est syncopée à la manière d’un Burial mais reste relativement en retrait pour laisser les mélodies respirer. Car si Burial nous enfermait soigneusement dans les sous-sols cradingues de Londres, All Is Silence est quant à lui un grand bol d’air frais, et croyez-moi, cela fait un bien fou ! Les japonais ont une relation étroite avec la nature, elle est sacrée selon leur culture, et cela se ressent dans la musique du nippon puisqu’elle y occupe une place très importante. Elle prend carrément vie durant ces 50 minutes où l’auditeur évolue humblement au milieu de paysages luxuriants de détails. On se sent petit face à cet harmonie subtile, nous ne sommes plus qu’un élément parmi un grand tout, façonné par le nippon lui-même. All is Silence est à mille lieux de Nothing of the North, les constructions ici regorgent de détails infimes, la richesse des sons provenant surtout des fields recordings est distillé à la perfection tout au long du disque. Mais le plus impressionnant restent les nappes de bruits ambiants parfois très shoegaze qui interviennent vers la fin des morceaux et qui finissent d’achever les impuissants spectateurs que nous sommes. Le niveau atteint tient quasiment du génie : aucune track ne viens corrompre un ensemble très homogène et pourtant très varié : il y a un monde entre chaque morceau, mais on ne ressent à chaque fois, que la trace d’un seul homme.

 

Brillante réussite donc pour Ametsub, All Is Silence rejoint humblement les sommets de l’électronica grâce à ses constructions aériennes riches en sonorités et en paysages dépeints. La poésie qui se dégage de cet œuvre est colossale; les mots me manquent pour la décrire. Bashō vous l’expliquera sans doute mieux que moi :

 

furuike ya                                                    Dans la vieille mare,

kawazu tobikomu                 ou                    une grenouille saute,

mizu no oto                                                 le bruit de l'eau.

 

Raphaël Lenoir

 

Store



 

 

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 12:54

beaumont.jpg

 

Genre : electronica

 

Le label Hotflush possède une fibre particulière et une identité propre : un son à la fois accessible, mais aussi inclassable et sans compromis, qui fait que chaque sortie passe rarement inaperçue. Le succès du track « Adrenaline » de Scuba, sorti l'automne dernier, est une bonne synthèse de ce que nous propose Hotflush : un son à mi chemin entre deep-house, electro et dubstep en un melting-potparticulièrement efficace et original.

 

Plus qu'un EP, ce « Never Love Me » du sieur Beaumont pourrait plutôt se voir comme un minialbum, déjà par le nombre de morceaux disponibles (5 tracks totalement originaux) mais aussi par la courte durée de chacun de ces tracks, 4 minutes en moyenne pour une durée totale d'une vingtaine de minutes, ce qui est rare dans la musique électronique mais finalement assez habituel chez Hotflush.

 

Les deux premiers tracks « Never Love Me » et « Uptown » sont deux tracks electro aux accents faussement nostalgiques : des synthés analogiques que l'on pourrait croire récupérés d'un vieux studio italien des années 80, des mélodies futuristes et naïves et des voix passées au vocoder... Pourtant ces compositions qui pourraient amuser par leur aspect ringard étonnent par une certaine forme de mélancolie et de douce candeur qui s'en dégage, une émotion très particulière finalement assez difficile à décrire avec des mots mais qui n'est pas sans rappeler l’innocence de l'enfance en ce qui me concerne.

 

Cet EP est construit comme un diptyque. Après les deux morceaux « joyeux » d'introduction, l'ambiance se fait bien plus inquiétante sur « Rendez Vous » : nappe de synthé sombre, rythmique dubstep plaquée sèchement. Mais avec qui a-t-on rendez-vous ? Au fur et à mesure, la composition se développe en arrangements très travaillés avec des accords puissants et très riches en harmonies pour un track finalement minimaliste mais à la production léchée et bourrée d'émotion.

 

« Verona Beach » renverse la tendance : alors que les deux titres sont très proches dans leur construction, ce dernier est bien plus lumineux et positif. Le son des vagues qui se brisent en arrière plan incitent au repos et à la zen-attitude. Il est étonnant de remarquer que « Verona Beach » et « Rendez-Vous » semblent communiquer entre eux lorsqu'on les écoute à la suite, comme si le second répondait au premier...

 

« Adrift » clôt cet EP très particulier. On a droit ici à un track de down tempo mélancolique aux sonorités froides et tristes. Toujours très travaillés, les arrangements et l'ambiance générale du morceau rappellent assez fortement les travaux du compositeur japonais Kenji Kawaii sur les deux films « Ghost in The Shell » ou Vangelis sur Blade Runner.

 

Tracklisting :

1. Never Love Me

2. Uptown

3. Rendez-Vous

4. Verona Beach

5. Adrift

 

Laurent S

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 14:32

Un grand merci au très talentueux John Jastszebski pour avoir bien voulu nous accorder un peu de son temps.

 

http://www.sb-photographies.com/blog/wp-content/uploads/2010/08/john-jastszebski-4.jpg

 

 

Bonjour, JOHN JASTSZEBSKI comment vas tu et peux-tu nous en dire un peu plus concernant tes projets ?

 

Ca va ! Je n'ai pas à me plaindre de ce début d'année 2012 qui est plutôt productif. Tout d'abord avec les deux EP que j'ai sorti sur Phonogramme et Vinyl Kills MP3 et un remix  sur Baile Musik pour Cockney Lama. 

En ce moment, je bosse sur plusieurs EP's. J'ai fini un Ep sur Splendi Lo-FI qui sortira le 28 juin en digital avec deux remix de Zadig, et j'ai masterisé cette semaine mon prochain Phonogramme qui sortira en Septembre normalement.

Ces jours-ci, je peaufine aussi un EP pour un label parisien qui me tient à coeur, mais je le garde un peu pour moi car la sortie est prévue pour Octobre. 

Niveau DJ Set, quelques dates en province au mois de mai et sur paris au REX le 28 juin avec Djebali et AlexKid.

 

 

 

Te considères-tu aujourd'hui plutôt comme un DJ ou comme un producteur? Penses-tu que la production est désormais essentielle pour se faire connaître dans le monde de la nuit?

 

J'ai eu des platines à la maison grâce à mon frère à l'âge de 15-16 ans, et au début je pensais vraiment qu'on pouvait être reconnu par son talent de dj, ce qui est toujours le cas.

Aujourd'hui mais ce n'est plus suffisant. Le côté producteur, je l'ai mis en pratique 1 an après être arrivé sur paris, il y a maintenant 7ans. Je me suis rendu compte que si je voulais des dates ou simplement créer des contacts, il me fallait une carte de visite. Voilà a quoi sert  aussi  la production . Bien sur elle est aussi devenue une passion à laquelle je travaille chaque jour.

 

 

 

Tu uttilises énormément de voix dans tes musiques, c'est plutot rare dans la musique électronique, pourquoi un tel choix ?

 

Tu trouves ? Je ne m'en rend pas vraiment compte alors. Mais je vois ce que tu veux dire sur certains morceaux.

Sur des morceaux comme Mapple Street, il y avait vraiment l'idée de raconter quelque chose, mais pour d'autres morceaux, les voix apparaissent plus comme un élément qui se mêle a la mélodie. Bien sur, sur un Ep comme "Musique de Nuit" sur "Res Lab", j'utilise des voix qui font plus figure d'agrément sur des tracks un peu en mode loop, très répétitif.

Mais la chose à laquelle je réfléchis à chaque fois, c'est est-ce que le morceau est mieux sans ou avec ?

 

 

 

Que peut-on retrouver dans ton studio ? Et comment produis-tu: l'inspiration vient sur le moment ou tu réfléchis longuement au projet que tu as envie de réaliser?

 

J'ai un studio plutôt simple pour l'instant qui j'espère sera de plus en plus fournis en hardware. Je travaille sur le Logiciel "Reason" pour ce qui est de mon ordi, donc pas de plug in. Je suis plutôt du genre intuitif, donc je préfère un rapport avec les machines, mais qui pour l'instant se font maigres encore chez moi.

J'ai une mpc 5000, un synthe korg " le triton " et un clavier midi Roland. Et tout ca sort sur des KRK Vxt 6. Mes prochains achats vont se tourner vers une drum machine qui sera connecté à ma mpc 5000 et un nouveau synth mais j'hésite encore.

En ce qui concerne l'inspiration, cela vient plus sur le moment. Cela m'arrive de réfléchir à quelque chose avant mais cela est très rare. Vu que j'adore le travail de sampling aussi, je me fabrique une banque de données mais je ne sais pas encore ce que je vais en faire.

A chaque fois c'est la surprise !

 

 

 

J'ai vu que tu étais un amoureux du vinyl, peux-tu nous décrire ce qui te motives dans ce support ?

 

Pour moi, le vinyl a toujours été le support principal d'un dj. Point de vue de la qualité audio, mais aussi de l'objet. Car je n'achète pas que de la musique électronique en vinyle mais aussi beaucoup de soul, jazz, hiphop, electronica..

Je ne suis pas du genre un mixer 4 morceaux en meme temps, je prefere me concentre sur une tracklist qui signifie quelque chose et qui soit en accord avec le public que j'ai en face de moi.

Bien sur, je peux comprendre les djs qui tournent non stop tous les week end et ne jouent pas "only vinyl" pour avoir plus de choix dans son bag et puis parce que un sac de vinyl c'est lourd !

Quelques cds traînent bien sur dans mon sac pour jouer certains tracks que je n'ai pas, des futures sorties ou des édits.

Mais le vinyl me tient personnellement à coeur..

 

 

 

Pas trop nostalgique de l'ère avant 2.0 ?

 

Je ne suis pas nostalgique car je suis né dedans ! Quand j'étais ado, j'avais un vieux modem tout pourri qui mettait 40ans à se connecter à AOL et c'était le kiffe ! Je ne suis pas anti technologie, loin de là. Une chose que je regrette en tant qu'artiste aujourd'hui, c'est que des le début des internets, aucune plateforme ne s'est construite autour de la musique. Tout de suite, on a eu le droit à la gratuité, avec le mp3 et napster.

Tu es jeune et on te donne les clés d'une fnac ! 

Même si toutefois, je vois un changement qui s'opère autour de moi, où par exemple de plus en plus d'amis achètent avec leurs téléphones un morceau sur itunes qu'ils entendent en club !

Je n'ai rien contre le mp3 pour une écoute à la maison, par contre dans un club ce n'est pas possible.

Bien sur je defie quiconque de faire la différence sur certains morceaux entre le mp3 et le wav, mais en tant que diffuseur de son, je pense que tu te dois de diffuser dans la plus haute définition.

Quand tu te mattes un film en 720p ou en 1080p sur ton ordi, la différence, tu vas pas specialement la sentir mais dans un cinéma, tu la verras direct.

 

 

 

Comment vois-tu l'évolution de la musique electronique depuis tes débuts ?

 

Je ne suis arrivé qu'il a 7-8 ans a Paris et même en y pensant, je trouve que c'est un regard un peu jeune que j'ai.

Je pense que la musique est un cercle, on revient toujours aux fondamentaux. Elle évoluera toujours, mais avec l'héritage du passé.

Personnellement, je trouve qu'il y a de meilleures sorties aujourd'hui qu'il y a quelques années.

 

 

 

 

Pour toi quelles-sont les qualités qu'un DJ doit avoir? As-tu des conseils à donner aux lecteurs qui envisagent éventuellement de commencer le deejaying?

 

D'être authentique, fidèle a ce qu'il aime. Je pense que c'est une des plus grandes qualités. Je crois que c'est Joris Voorn qui a dit dans une interview de ne pas trop écouter ce que font les autres mais plutôt essayer de se construire seul. Bien sur, tu peux avoir des influences, tout le monde en a, c'est obligatoire.

Mais de croire en ce que tu fais et de pousser les choses a fond !

En ce qui concerne la technique, rien ne remplace, le travail et le temps passé sur une platine.

 

 

 

Penses tu que les pouvoirs publiques considèrent les DJ au même titre que des artistes (conventionnels)?

 

Je pense que le DJ a le statut d'artiste. Il modifie les morceaux qu'ils jouent selon le mix qu'il fait, c'est une forme de création.

Et à partir du moment, ou nous sommes protégés par la SACEM, nous avons le même statut qu'un chanteur compositeur.

A partir du moment ou tu as ta société, et que tu touches une rémunération selon tes prestations, je ne pense pas que cela pose de problèmes aux pouvoirs publiques.

Ton statut, il est clair.

 

 

 

Pour finir sur une touche de légèreté j'ai entendu dire par Carl Craig que la plupart des DJ-Producteurs préféraient un moog à une jolie dame, tu en fais partis ? 

 

Je dirai qu'une jolie dame m'inspire plus que la compagnie d'un moog. Mais, je ne peux me passer ni de l'un ni de l'autre.

 


 

 



 

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 13:23

Francis-harris.jpg

Genre:Deep House

Label: Scissor & Thread

Sortie: 28/02/2012

 

 

Francis Harris plus connu sous le nom de Adultnapper est un DJ producteur américain de Deep house, résident depuis de nombreuses années sur le célèbre label «Scissor and Thread». Les influences de cet artiste sont très vastes on peux citer : Steve Reich, Pierre Boulez, Slint, This Heat, Sonic Youth, ou encore Plastikman.

 

Un album résolument romantique et poétique, voilà comment on pourrait résumer ce disque par quelques mots convenablement sélectionnés. Le lyrisme de cette album vient d'une part de ces textes exaltés Pharoah In The Morning, Plays I Play et d'autres parts de ces mélodies lentes et raffinées à l'image du merveilleux titre Pensum. Le rythme est lent, apathique, les structures épurées et progressives ainsi que la délicatesse des mélodies vous emmèneront dans un état second. Émerveillé par la beauté des paysages qui s'offrent à vous vous serez profondément passif face à la puissance émotionnelle de «Leland». Cependant certain morceaux apparaissent comme trop «minimaliste» (même si cette notion reste à définir) pour nous surprendre et nous charmer comme l'illustre Of The Field, Close Air ou encore Whether It Was. Francis Harris nous livre ici clairement un album ambivalent dans la richesse, la singularité et l'exotisme de ces pistes, comme le montre le paradoxe entre des titres comme Close Air avec d'autres comme Pensum ou Picture Us qui eux s'avèrent beaucoup plus caractéristiques et originaux.

 

Vous l'aurez compris cette album est une réussite même si quelque titre sont décevants par rapport à l'ensemble. L'assemblage forme un bloc pleinement homogène et remplit d'un certain lyrisme étrangement inondé de mélancolie.

 

Kartela  

 

 

 

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