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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 18:07

igorrr.jpg

 

 

Genre; Breackcore

Label; Ad noiseam

Sortie, Decembre 2012

 

 

Igorrr n'est pas seulement la moitié de Whourkr, c'est aussi un artiste à part entière qui nous livre des album-concepts étonnants depuis un certain nombre d'année. Ad Noiseam apparaît aujourd'hui commel Le label de référence quand il s'agit de breackcore et des autres musiques extrêmes.

 

Véritable pamphlet contre l’Église ou bien simple désir de provocation ? Je ne sais pas, la seul chose que je peux affirmer c'est qu'hallelujah a été composé avec un véritable appétit de destruction (qui aurait pu être le titre de l'album, mais Guns N roses l'avait déjà utilisé). La où l'objet est paradoxal c'est que cette destruction dans laquelle il a été forgé s'avère être une «destruction créatrice». En effet, c'est en anéantissant les musiques dites «conventionnelles» que l'artiste produit une nouvelle forme de musique à la fois ravissante, ensorcelante mais surtout bourdonnante et vrombissante avec ça saturation et ça disparité rythmique. En la détruisant, Igorrr embellit, la musique. En déplaise à certain, et surtout à nos parents, le breackcore n'est pas simplement du bruit, c'est une forme d'art à part entière, en témoigne les émotions que ce disque procure. Qu'on aime ou que l'on déteste la musique d'Igorrr ne vous laissera pas indifférent. Certes je conçois très bien que ce genre de musique ne plaira pas aux traditionalistes catholiques et à la grande majorité des gens... Écouter du igorrr en public c'est un peu comme se balader accompagné de Dieudonné dans le Marais, c'est pas interdit mais fortement déconseillé si on ne veut pas se faire remarquer. Mais bon qui peut savoir, demain peut être que Gaspard Proust apparaîtra dans «Rire ensemble contre le racisme» et la musique d'Igorrr captivera nos grands parents. Mais Igorrr n'est pas seulement un provocateur (en témoigne la pochette du disque) il est aussi un artiste gonflé (c'est le mot) d'un humour bien ironique comme le montre le titre «Toothpaste».

 

Ad Noiseam réussit encore son pari. Celui de nous donner toujours une musique rare, de qualité, et terriblement expérimentale. Igorrr Nous livre ici un album hors du commun choquant mais émouvant.

 

Kartela

 

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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 16:50

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Label: Denovali

Date de sortie: Décembre 2012

Genre: Orchestral / Néoclassical

 

 

Aïe, encore une fois Denovali frappe très fort en cette fin d’année, grâce à la très bonne sortie de Poppy Ackroyd intitulé Escapement, mais surtout grâce à ce double album de The Alvaret Ensemble. Sous ce patronyme fumant et mystérieux à souhait se cachent des chirurgiens du son bien connu : Greg Haines tout d’abord ayant sorti au cours de l’année un bien bel album nommé Digressions et qui ,bien sûr, pour cette occasion s’est mis au piano ; Jan Kleefstra que l’on voit souvent avec un autre membre de sa famille, Romke ayant eux aussi leur quota d’albums de qualités ; le premier s’occupera des poèmes tandis que le second s’occupera de la guitare. Sytze Pruiksma, lui, est moins connu mais s’était déjà une fois allié à Romke et Jan pour créer un album de toute beauté : Deislieper (sorti sous Hibernate). Mais avec ce quatuor de base, s’ajoute Iden Rheinhart ( Strië pour les intimes), violoniste qui avait d’ailleur joué avec Greg pour Digressions ; Peter Broderick , ici violoniste, auteur de pas mal d’albums en compagnie de ce cher Nils Frahm qui lui va s’occuper de la partie vitale de l'oeuvre: le mastering. Il faut encore souligner la présence d’Hilary Jeffery membre du Killimandjaro Darkjazz Ensemble qui s’occupera du trombone. Avec tous ces artistes de 1er choix réunis ensemble pendant 3 nuits dans l'église Grunewaldkirche à Berlin ne pouvaient assurément donner qu’une œuvre de qualité.

Amen.

 

Byd ou comment sombrer déjà dans les ténèbres abyssales de la musique de The Alvaret Ensemble. Une nuit opaque où un voile mystérieux se soulève, la mélodie presque arrêtée du piano, les plaintes du trombone ainsi que la voix doucereuse et sombre à la fois de Jan nous emmène dans de vastes espaces encore inexplorés. Une ambiance très intimiste et très religieuse se répand, les échos de l’église ont un profond sens dans ces élucubrations soniques. Une introspection de l’âme, voilà comment définir cette musique viscérale et envoutante. Une chose, peut-être anodine à la base mais vitale par la suite, me frappe : je m’aperçois que les musiciens ne sont pas maîtres de leur instrument, ce sont les instruments qui dirigent les muscles de leur corps. La musique pour trouver une certaine forme de transcendance doit être jouée ainsi : l’instrument doit être l’homme et non pas l’inverse. Sur Eac, sublime mouvement du piano, rejoins ensuite par les tintements et les frottements légers des percussions puis par les violons et les instruments à vent, on se surprend à planer tant la musique semble légère. Nous y sommes, à la Grunewaldkirsche, là où durant la nuit d’étranges phénomènes se produisent; là où la musique semble prendre vie. Une ambiance surnaturelle s’en échappe…  Chaque morceau sont comme des petites odysées (beaucoup de morceaux dépassent 10 minutes) et chaque fresque raconte son histoire propre en faisant elle-même écho à un autre morceau. De leurs enregistrements, les artistes en ont fait un double album où la 2e partie tout en étant la continuité de la 1ere en diffère quelque peu. Les ambiances sont encore plus fuligineuses, il n’y a plus de mélodies, des notes éparses nous guident alors sur un sentier où toute lumière a disparu. Comme beaucoup de travaux néo-classiques, le silence est d’or : il est sensé nous accompagner dans notre déambulation vers l’inconnu et surtout dans la solitude. Les percussions ne tintent plus, de lourds battements les remplacent, les textes de Jan bien qu’au-delà de notre compréhension ont une certaine résonnance en nous, leur certaine poésie complète celle des instruments. Les sons ont pris le pas sur les accords et cela jusqu’à la toute fin.

 

Encore un sublime album que vient de sortir Denovali, une collaboration qui laissait espérer beaucoup et qui s’est concrétisée en une musique vivante, surgissant de l’obscurité en avançant imperceptiblement.  Un album à écouter de nuit, mais surtout, seul. Un regard sur le ciel étoilé, une question reste alors en suspens : Venons-nous de trouver la mort ?

 

 

 

Denovali

 

Raphaël Lenoir

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25 décembre 2012 2 25 /12 /décembre /2012 14:49

La musicosphère est en effervescence en cette fin d'année; d'une part, à cause d'une multitude de merveilleuses sorties comme celle de The Alvaret ensmble ou celle d'Igorr, mais surtout de la multiplication des "tops de l'année" dans des styles très variés. C'est aujourd'hui, en ce jour de Noël, à moi d'apporter ma pierre à l'édifice en proposant 50 albums qui auront marqués mon année.

 

indian wells 50.  Indian Wells-Night Drops

 

http://www.journalventilo.fr/wp-content/images/Galette-Flying_Lotus-Until-The-Quiet-Comes.jpg 49. Flying Lotus - Until The Quiet Comes

 

http://4.bp.blogspot.com/-zBlGFJvKjQw/T2i5fNG5ujI/AAAAAAAABe0/ShLNpPdAqxU/s1600/Empytset--Medium.jpg 48. Emptyset - Medium // Collapsed

 

http://www.israbox.com/uploads/posts/2012-02/1330434009_cover.jpg 47. Greg Haines - Disgressions

 

http://chroniquotheque.files.wordpress.com/2012/08/tumblr_m07chc0pa81qgvysr_1330598641_cover.jpeg 46. Strie - Ohtul

 

http://www.israbox.com/uploads/posts/2012-11/1354264193_cover.jpg 45. Kashiwa Daisuke - Re:

 

http://limitedrun.com.s3.amazonaws.com/images/21602/21602_original.jpg 44. Stumbleine - Spiderwebbed 

 

http://f0.bcbits.com/z/18/25/1825455483-1.jpg 43. Hammock - Departure Songs

 

5207306 42. Orbital - Wonky

 

http://astrangelyisolatedplace.com/wp-content/uploads/2012/05/helios-moiety_cover_800.jpg 41. Helios - Moiety

 

http://www.wildmusik.com/wp-content/uploads/2012/02/John-Talabot-fIN-608x608.jpg 40. John Talabot - Fin

 

http://www.the-drone.com/magazine/media/2012/11/sylvain-chauveau-simple.jpeg 39. Sylvain Chauveau - Simple

 

http://www.brainwashed.com/vvm/images/releases/the_caretaker_patience.jpg 38. The Caretaker - Patience (After Seebald)

 

http://wajobu.files.wordpress.com/2012/04/dwindlers-allegories.jpg 37. The Dwindlers - Allegories

 

5017723 36.  Fort Romeau - Kingdoms  

 

http://www.idieyoudie.com/wp-content/uploads/2012/09/TD012-r.roo-mgnovenie-cover.jpg 35. r.roo - mgnoveni

 

http://userserve-ak.last.fm/serve/300x300/83199213.jpg 34. Nebulo - Cardiac

 

http://the-chemistry.net/wp-content/uploads/2012/09/tohu-bohu.jpeg 33. Rone - Tohu Bohu

 

burial-kindred-ep 32.  Burial-Kindred EP // Truant / Rough Sleeper EP

 

http://www.violentsuccess.com/wordpress/wp-content/uploads/2012/12/PoppyAckroyd_Escapement.jpg 31. Poppy Ackroyd - Escapement

 

 http://djsbag.com/uploads/posts/2012-09/thumbs/2370330410_kane-ikin-sublunar.jpg 30. Kane Ikin - Sublunar

 

http://25.media.tumblr.com/tumblr_mbouk4Tblh1rvej5vo1_1280.jpg 29. Nils Frahm - Screws

 

 http://www.colette.tm.fr/files/1b3bcfd6b598240320466241bf651c6c2206f7cd.jpeg 28. Silent Harbour - Silent Harbour

 

http://f0.bcbits.com/z/24/36/2436751981-1.png 27. Woob - Have Landed

 

http://extramusicnew.files.wordpress.com/2012/09/reso-tangram.jpg 26. Reso - Tangram

 

http://nu-phoria.com/wp-content/uploads/2012/07/Christian-Loeffler-A-Forest-Cover-Front-450x450.jpg 25. Christian Löffler - A Forest

 

http://4.bp.blogspot.com/-72dQ6SSJMI4/T8ZHgH8kuMI/AAAAAAAABjU/Q0NmTRAMwMs/s1600/vophoniq-cosmogonie.jpg 24. Vophoniq - Cosmogonie

 

tumblr mbsbixde1X1qdgf89 1350053264 cover 23. Brambles - Charocal

 

http://cdn4.pitchfork.com/news/48403/8211db70.jpeg 22.  Brian Eno - Lux

 

http://img577.imageshack.us/img577/1659/10942511.jpg 21. Aes Dana - Pollen

 

http://www.randomtransmission.com/wp-content/uploads/2012/08/geskia-323-sayonara-memories-300x300.jpg 20. Geskia! 323 Sayonara Memories // Muon

 

2587742192-119.  Will Bolton – Under A Name That Hides Her

 

http://img.ceolte.org/pic_f/cabf37db88d787262426d7037c56875c_1335026813_frank-riggio-psychexcess-i__.jpg 18. Franck Riggio - Psychexess 1 : Presentism

 

http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcSykqWML68BfYg3kD5Dcieav-gZY0ksC4xXKtiSHBAtUg6-shV9QYEe_UVxEQ 17. Ricardo Villalobos - Dependent & Happy

 

http://gwendalperrin.net/blog/wp-content/uploads/2012/12/gwendalperrin.net-Olan-Mill-Paths.jpg 16. Olan Mill - Paths

 

Ruby-My-Dear 15.  Ruby My Dear - Remains Of Shapes To Come

 

COVER ValgeirSigursson-400x400 14.  Valgeir Sigurðsson - Architecture of Loss

 

http://www.electronicbeats.net/wp-content/uploads/2012/08/4765040-Recomposed-Richter-940x940.jpg 13. Max Richter - Vivaldi, The Four Seasons (Recomposed by Max Richter)

 

http://classementdesblogueurs.fr/WordPress3/wp-content/uploads/2012/04/The-Boats-Ballads-Of-The-Research-Department.jpg 12. The Boats - Ballads Of The Research Department

 

http://www.experimedia.net/images/lts010cd.jpg 11. Vieo Abiungo & Pete Monroe - Thunder May Have Ruined The moment

 

http://wajobu.files.wordpress.com/2012/05/dictaphone.jpg 10. Dictaphone - Poems From A Rooftop

 

http://n5md.com/releases/205.jpg 09. Bvdub - All Is Forgiven

 

http://img.electro-maniacs.net/105991.jpg 08. Federico Durand - El Libro De Los Arboles Magicos

 

http://www.adnoiseam.net/store/images/adn165-250.jpg 07. Igorr - Hallelujah

 

http://linetechno.net/wp-content/uploads/2012/04/Shifted-Crossed-Paths.jpg 06. Shifted - Crossed Paths

 

http://n5mailorder.com/images/n66cd003.jpg 05.  Ametsub – All Is Silence

 

Francis harris 04.  Francis Harris - Leland

 

http://www.denovali.com/thealvaretensemble/ae200.jpg 03.  The Alvaret Ensemble - S/T

ml-026 02.  Monolake - Ghosts

BERSARIN-QUARTETT-II 01.  Bersarin Quartett - II

Et voilà. Je tiens à vous remerciez, vous, lecteurs, pour nous avoir suivi tout au long de l'année mais je tiens tout particulièrement remercier Kartela qui m'a offert la chance de pouvoir chroniquer sur ce blog. Une session de 3h en duo devrait d'ailleurs apparaître dans les prochains jours sur le podcast. 

 

Passez de bonnes fêtes!

 

Raphaël Lenoir

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 18:36

                                          legowelt

 

 

Genre : Techno

Label : Clone Jack record

Sortie : décembre 2012

 

«Une forme hybride entre le slam et la musique électronique» voilà comment legowelt définit ça musique. Ce musicien Néerlandais a fait les grandes heures du label «bunker records» grâce à ça techno mélodique. Durant les cinq dernières années Legowelt a fait des tournées aux quatre coins du monde, il publie aujourd'hui son dernier album "The Paranormal Soul" sur Clone Jack Record un label de «Chicago House» comportant des artistes comme Levon Vincent, ou Dario Zenker.

 

«Si on ne se réinvente pas, on risque peut être de mourir» disait Laurent Garnier récemment, là où legowelt est très fort c'est qu'il arrive à rendre hommage a cette ancienne musique électronique symbolisée et conceptualisée aujourd'hui par detroit et chicago tout en là réinventant et en la recontextualisant. A la deep house Legowelt lui apporte son énergie, à la house Legowelt lui apporte sa mélancolie et à la techno Legowelt lui apporte ses mélodies acides si caractérielles. Le néerlandais va à l'encontre des spécificités minimales et «berlinoise» de la techno actuelle en refusant tout compromis minimaliste dans sa musique. La rondeur des basses et la chaleur des nappes vous rappelleront les vieilles machines ancestrales comme la roland TB-303 ou un bon vieux juno ici exploités à leur paroxysme. Au fur et à mesure que l'album progresse des petits éclats de voix font leur apparition pour illustrer la profondeur du champs sonore.

Encore une fois la musique parle d'elle même et mes parole ne sauront aussi bien vous là décrire, écoutez donc la rudesse de «Sketches from another century» ou encore «Transformation of the universe» vous serez charmé.

 

Peut on parler d'un album techno universel ici ?! The Paranormal Soul marquera t'il un retour du son «detroit» tant annoncé et attendu ces dernières années ? Une chose est sure c'est que cette album ravira les fans de techno vintage et moderne. Je le vois déjà bien dans les playlist de Laurent Garnier, Derrick May et Madben moi !

 

Kartela

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 17:33

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Genre : Ambiant, classical
Sortie : 12/11/2012
Label : Warp

 

Brian Eno est très certainement l'un des musiciens les plus inventifs de notre temps. Peu d'artistes peuvent se venter aujourd'hui d'avoir travaillé avec David Lynch ou David Bowie. Expérimentateur le britannique a favorisé l'émergence de la nouvelle scène électronique au début des années 80. Warp est quant un lui un label d'IDM mondialement respecté fondé en 1989 que tout amateur de musiques électroniques en tout genre se doit de connaître.

 

Miles Davis a dit une très belle phrase « la véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence. » Cette citation m'est venu à l'esprit en écoutant cette oeuvre parce qu’ici tout est suggéré, les notes de piano agissent avec discrétion et évoquent à l'auditeur les suaves mélodies lentes et sombres. Vous l'aurez compris l’atmosphère est minimaliste, l'ambiance est lourde pesante et mélancolique, la ou cet album tient du génie est le fait que l'artiste na pas besoin de faire beaucoup de notes pour façonner l'harmonie et l’atmosphère de l'ensemble, une telle maîtrise est rare de nos jours et nous rappelle un peu la musique de Tim Hecker. Je parle peu être un peu trop vite de minimalisme ici ! Au final si on y réfléchit bien qu'est que le minimalisme ? Ce terme ne signifie absolument rien, car l'important en musique n'est pas le nombre de note, ou même la complexité de l'harmonie, non, elle est tout simplement dans la capacité de l'artiste à nous véhiculer ces émotions les plus intimes, et non besoin pour ceci d'en faire trop. Brian Eno la bien compris. La musique est donc bien sûr comme tout les arts subjective mais je doute que “Lux” puisse laisser indifférent.

 

Cet album marque donc un retour triomphale pour Mr Eno. Lux est un album homogène ou les tracks forment une unité cohérente indivisible. A la lisière de la musique classique et de l'ambiant cet album ravira les fans de la première heure et tous les fans de musique climatique.

Kartela

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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 14:54

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Sortie : 03/12/2012

Label : Rush Hour

Genre : Deep House

 

« Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître... ». Ces paroles de la chanson de Charles Aznavour n'ont jamais été aussi bien adaptées au disque que l'on va chroniquer ici. En effet, nous touchons là aux premiers balbutiements de la deep-house...Si beaucoup de monde a déjà entendu parler de Larry Heard et Kerri Chandler, intronisés « inventeurs » du mouvement. peu de gens ont finalement eu l'occasion d'écouter des productions Nu Groove, petit label New Yorkais extrêmement prolifique (près d'une centaine de maxis en quatre ans) mais aussi extrêmement éphémère...disparaissant au moment où le monde entier découvrait et encensait la house américaine.

 

Le plus intéressant dans l'histoire de Nu Groove, en dehors de la qualité de nombre de ses sorties, c'est qu'il fut le tremplin d'un sacré paquet de futures stars New Yorkaises : Kenny Dope (futur Masters at Work), Joey Beltram (auteur de l'inoubliable et cultissime Energy Flash), Frankie Bones et même le hardcoreux Lenny Dee sont tous passés par la maison, produisant un ouplusieurs maxis de cette « deep ghetto house » caractéristiques du New York de la fin des années 80.

 

C'est donc un précieux cadeau que nous fait Rush Hour en publiant ce best-of des Burell Brothers . Les deux frangins, respectivement prénommés Ronald et Reginald et originellement chanteurs de RnB se sont mis à la house après l’échec de leur premier album. Sous leurs nombreux pseudos (Metro, N.Y House n' Authority, Tech Trax inc, etc, etc...) ils finiront par produire plus de la moitié du catalogue du label ! Ce qui nous frappe à la première écoute de cette compilation, c'est que les codes de la deephouse ont finalement très peu évolués, s'inscrivant dans une forme d'intemporalité : tempo lent la plupart du temps, rythme travaillé, mélancolie palpable et « blackness attitude » assumée. Certes la production a vieilli : la qualité reflète le manque de moyens et les home studios rudimentaires de l'époque, les morceaux sont très courts et ressemblent parfois plus à des démos nachevées qu'à des clubs anthems, mais le charme opère toujours. Que ce soit le très lounge « Brownstone Express » qui ouvre l'album, le minimalisme rêche de « Apt 2a », en passant par le sombre « The Answer (X² RB Mix) » le très atmosphérique et contemporain « I'll Say A Prayer 4 You » avec ses nappes caractéristiques et « Disco-Tech (Studio 54 Mix) », track parsemé de vocalises gospel qui nous renvoient aux racines RnB des artistes, c'est un album plutôt varié qui s'offre à nous, très agréable à écouter avec un petit parfum désuet loin d'être déplaisant car nesombrant pas dans le kitch.

 

Soyons francs, de mon propre point de vue la possession de cet album est indispensable pour tous ceux qui veulent élargir leur culture musicale et connaître l'histoire de « notre » musique. Et malgré ce que certains esprits chagrins peuvent en dire, ces rééditions numériques de disques souvent très rares ne peuvent que contribuer à la sauvegarde du patrimoine culturel del'humanité. Une des sorties les plus intéressantes de l'année. Bravo Rush Hour !

 

http://www.beatport.com/release/the-nu-groove-years-1988-1992/875940

 

 

Laurent S 

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 12:18

 

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Labels: Serein et Flau

Date de sortie: automne 2012

Genre: ambiant, field recordings, folk, néoclassical...

 

Par manque de temps ou peut-être d’envie, je n’arrive plus à chroniquer convenablement tous les albums récents qui le mériteraient, c’est pourquoi je préfère désormais chroniquer deux albums en une seule fois (uniquement lorsque cela est possible c'est-à-dire lorsque deux albums sont assez proche du point de vue musical) et me permettant ainsi de ne pas me répéter inutilement sur une 2e chronique. J’espère que ce compromis n’altèrera en aucune façon votre lecture…

 

 

Le bonheur n’a jamais pu être défini dans son universalité. C’est un fait ; qui aujourd’hui peut parler de bonheur mondial alors que l’homo economicus, ce prophète égaré des temps temps nouveaux (cf. dernier ouvrage de Daniel Cohen) semble dominer le genre humain? Il ne peut par conséquent que s’appliquer à l’individu mais encore faut-il que ce dernier en soit conscient à l’instant présent et le savoure, car le bonheur est aujourd’hui rare et fragile. Chose insaisissable mais finalité de la vie humaine pour certain, ce sentiment de plénitude m’apparaît surtout dans les songes rêveur, dans ces instants de flâneries infinies, au-delà de toute approche du temps qui avance inexorablement. Se lover au fond d’un canapé, s’envelopper dans une couverture, la chaîne hifi allumée, et partir : voilà pour moi la réelle sensation de bonheur, aussi fugitif soit-il.

 

Aujourd’hui encore il est possible de trouver des œuvres qui permettent d’éveiller votre imagination et l’étendre au-delà de notre champ de conscience; musique : merveille de la nature humaine. Mais encore faut-il se donner la peine de les chercher. Douce délectation après la découverte de ces 2 aiguilles dans une botte de foin que sont Brambles de Charocal et The Language of Flower de Twigs & Yarn.

A quoi bon faire l’introduction de ces pseudonymes, puisque ici seul sa musique nous intéresse et nous touche. Dire que ses auteurs sont respectivement anglais et américains: futile. Dire que leur album sont sorti cet automne : à quoi bon ? Dire qu’ils sont paru respectivement sur Serein et sur Flau, cela par contre peut s’avérer utile si vous pensez acheter ces merveilles ou étudier de plus près les sorties de ces (très bons) labels. Mais, je le répète, seul la musique nous intéresse dans ces cas et tout particulièrement lorsqu’elle est aussi aboutie que celle-ci.

 

To Speak of Solitude, premier titre de Brambles , sonne comme une évidence tant Charocal semble être fait pour les solitaires, un disque tout aussi fait pour les jours éclairées que pour les nuits voilées où le sommeil s’échappe à notre volonté. Ainsi les premières notes de guitare et de piano volatiles ont tôt fait de nous apaiser dans notre chagrin profondément dissimulé, des plaintes ambiantes, vibrantes d’émotions ressortent de cette mélopée éthérée, s’abattent sur nous et nous foudroient de leur ampleur. Des morceaux d’un minimalisme ataraxique nous dévoilent intimement leur beauté, on retiendra particulièrement In the Androgynous Dark un morceau aux ambiances très jazzy et de haut vol, ainsi que Deep Corridor où les ténèbres impressionnantes nous envahissent et interrompent ces instants de béatitude insouciantes. Là encore le temps n’a plus de prise sur nous, il glisse, s’efface pour un moment, mais ce vil et sournois personnage réapparaît tôt ou tard et nous rappelle sans cesse qu’une pulsation en plus c’est aussi une pulsation de moins vers l’inéluctable.

 

J’ai choisi, non sans raison, d’accompagner cet album de Brambles avec celui de Twigs & Yarn puisqu’ils ils partagent de multiples points communs car The Language of Flowers, lui aussi, nous apaise dès la première seconde. Bien qu’en prenant des chemins différents, la succession de titres humbles provoquent les mêmes effets et laisse la part de silence faire son travail dans notre encéphale ; sans le savoir nous venons de découvrir un jardin secret, un Eden inattendu et surgissant enfin là sous nos yeux. Cette remarque est particulièrement vrai pour l’album de Twigs & Yarn tant on a l’impression que la guitare frêle et les faibles carillons envoient une multitude de couleurs en un très court instant : les synesthésies s’opèrent, nous voilà allongé quelque part dans la lande sur un lit de roses, de bleuets, de tulipes, de jacinthes…. Le soleil est radieux de surcroit, nous voguons parmi les nuages tandis que nos amis ou notre famille discutent autour de nous. En effet, même si à première vue rien ne le laissait paraître, The Language of Flowers est constitué d’une infinité d’éléments : les murmures des voix doucereuses ainsi que les micros glitchs offrent une fluctuation permanente des morceaux qui auraient pu sembler répétitifs. Mais ici tout coule de lui-même, d'une limpidité curieusement évidente. Un dosage délicieux entre Ametsub pour la strucuture des glitchs très variés, The Green Kingdom pour l’aspect folk minimal et The Boats pour ce côté classe empreint de quiétude.

 

Celui qui vous dirait que Charocal et The Language of Flowers sont jumeaux serait à moitié un menteur. Ils appartiennent effectivement tous deux à ces genres bâtards dont on a tant de mal à mettre une étiquette, pas si minimalistes que cela, c’est certain, et ils poursuivent a priori le même but en provoquant un état de sérénité à notre âme habituellement rongé par les larmes de nos chagrins. Cependant les méthodes divergent quelque peu : The Language of Flower est nettement plus folk alors que Charocal est clairement plus néo-classique. Toujours est-il qu’ils sont tous deux d’une élégance rare, et qu’on ne se refusera pas le plaisir de réécouter une n-ième fois ces morceaux racés.

 

 

Raphaël Lenoir

 

 

Twigs & Yarn - Static Rowing from twigsandyarn on Vimeo.

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 17:17

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Genre : Techno

Label : Tresor

Date de sortie: octobre 2012

 

Terrence Dixon fait parti de ces DJ qui ont marqué l'histoire de la musique électronique. Fort de ces 18 ans de carrière cet artiste de détroit est aujourd'hui un mythe à part entière dans la techno. Il signe son nouvel album sur le très renommé label allemand Tresor dirigé par Dimitri Hegemann.

 

Après l'écoute minutieuse de cet album j'aurais tendance à dire qu'elle marque le paroxysme de l’œuvre de l'américain et peut être même l'avènement de sa légende. Cet album a incontestablement une force émotionnelle implacable, et terriblement séductrice. Oh non, je ne mâche pas mes mots, croyez le. Ce qui ma frappé dans un premier temps c'est la structure des tracks de cette œuvre. Les éléments se suivent, s’enchaînent, dans une construction extrêmement progressive hypnotique, ici même la puissance des kicks est ascendante ce qui donne l’impression qu'il se passe tout le temps quelque chose. L’atmosphère de «From The Far Future» s'inscrit parfaitement dans le catalogue du label germanique et ravira les fans de techno caverneuse et aérienne. L'album contient des pistes plutôt dancefloor et d'autres peut être plus personnelles plus cinématographique, un brin plus émotives à l'image des merveilleux titres MY JOURNEY HERE ou bien encore THE STUDY. Un morceau en particulier «The Switch» se distingue des autres par son climat plus deep et un caractère plus «happy» paradoxalement il s'intègre pleinement dans la continuité et l'homogénéité de l'ensemble.

 

Un album techno et plus encore ! Le nouveau Terrence Dixon est une arme pour les DJ et une bénédiction pour les fans de musique électronique. Au delà des clivages l'artiste met tout le monde d'accord, rassemble autour d'une techno sombre, inquiétante et courageusement moderne.

 

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 19:06

BERSARIN-QUARTETT-II.jpg 

Label: Denovali

Date de sortie: Avril 2012

Genre: Ambiant/ Neoclassique/ Orchestral/ Cinematic/ Indus (faites votre choix)

 


Qu’il est dur pour moi de commencer cette chronique, j’ai encore du mal à digérer la profondeur abyssale de cet album. Décidément, quel abysse ! Certainement un de ceux dont on n'en réchappe pas indemne, comme si cet œuvre laissait une cicatrice indélébile un peu partout en nous. Il est inutile de se le cacher, l’écoute de cet album m’a changé irrévocablement et imperceptiblement, avec un certain recul je m’aperçois que je ne vois plus les choses de la même façon. Si vous rechignez à aller plus loin dans cette lecture écoutez au moins ceci, même si c’est à votre insu.

 

 

Lorsque l’on tient quelque chose de si fort, un lien si intime, on a du mal à la partager. Plus qu’un attachement, c’est une dépendance qui s’évapore.

Je crois que je ne pourrais jamais assez remercier Thomas Bücker le père de cette œuvre infinie, et pourtant il avait déjà mis la barre là-haut, dans les étoiles, loin dans le firmament avec son album sortie en 2008 sous Lidar puis en 2010 sous Denovali. Un album qu'il a choisi de le publier sous un pseudonyme trompeur : Bersarin Quartett (qui n’est pourtant que le fruit (mais quel fruit !) d’un seul homme (mais après tout, quel importance ?). Comment alors imaginer faire mieux avec si peu, comment créer autant d’émotion avec une machine car ici tout est question d’électronique et de plugins. C’était en avril dernier que sortait le sobrement intitulé II sorti sur Denovali, alors pourquoi le chroniquer en octobre alors que doucement le soleil, au loin, décline tandis qu’apparaît sa progéniture d’une blancheur immaculé? Par paresse sans doute, puisque ce titan a déjà été chroniqué par nombre de blogs (ce dont je suis ravi), mais je crois surtout par égoïsme, afin de garder précieusement en moi LE SECRET unique et volatile que renferme cette si petite chose de 11cm (ou 12 pouces si vous optez pour le vinyle). Ambiante, Jazz, Post Rock, Industrielle, Néoclassique, Orchestrale, aucun qualificatifs ne pourraient cependant définir cette œuvre, elle appartient à tous les genres et aucun à la fois. Un hybride contenant le néant tout entier. Cinématique, serait le terme qui lui conviendrait le mieux mais le mot est bien trop faible.

 

Niemals Zuruck ou point de non-retour, voilà qui qualifie si bien le début de cet album car franchir la 1ère seconde de ce morceau s’est se condamner à changer, à évoluer contre notre gré. Un bruit sourd, provenant des ténèbres les plus anciennes,  déracine nos derniers espoirs nos derniers chagrin et les plaques brutalement devant nous, sur nous, en nous… Les cordes orchestrales comme figés, la douceur des bois, l’écho si puissant et nous voilà, moins que rien que nous sommes, nu devant l’échéance fatale. Une impression de déjà-vu émane de cette musique, comme si une certaine créature supérieure nous avait fait naître avec elle, vivre avec elle et enfin mourir avec elle, comme si nous venons enfin de comprendre qu’ici se trouve l’achèvement de toute chose, la convergence de tous les temps et de tous les espaces qui viennent de nous retrouver enfin…  Une musique (si on peut encore l’appeler comme cela) touché par la grâce grâce aux vagues ambiantes lors de Zum Greifen Nah ou sur Perlen, Honig oder Untergang, identique au souffle des anges. Un côté grandiloquent, peut-être, mais quel mal y a-t-il à cela ? Quand on atteint le degré de production de Brücker on parle de grandeur et non de décadence. Dans Einsame Wandeln Still im Sternensaal ou Der Mond, der Schnee und Du ressort une espèce de froideur sidérale mais loin d’être hostile: une moiteur d’argent. Les glitchs glacés sur ce dernier morceaux perforent nos dernières défenses, neurones et  synapses abdiquent et sombrent dans l’oubli. L’habileté incroyable du producteur est aussi dans l’agencement de cet album, de nous emmener toujours là où nous étions jamais allé avec des ambiances plus industrielles et donc encore plus froide que précédemment. Alors nous voguons une fois de plus à la dérive, à la découverte de l’inconnu en train d’assister à un spectacle dramatique d’une poésie inimaginable. En effet, II est aussi une histoire où la romance, la souffrance, le drame s’entremêlent tout au long de l’écoute, tandis qu’au loin la lumière de l’espérance veille à nous laisser émerger. Son meilleur exemple serait Keine Angst pause salvatrice et réconfortante après un Rot und Schwarz où même la noirceur pâlirait de terreur devant lui. Mais nous n’avons désormais plus peur, les amants se sont retrouvés après maintes angoisses, pendant que nous dérivons inlassablement mais, désormais, avec l’assurance que tout ira pour le mieux. La fin se profile à l’horizon, le dénouement est encore plus terrible que le commencement, comment retourner à la vie réelle après cela, comment penser au futur alors qu’il nous semble que notre destinée vient juste de s’accomplir sous nos yeux ?

 

Nul doute que II est l’un, non, LE meilleur album que j’ai pu écouter: Bersarin Quartett évolue vers des confins qui me semblaient alors inatteignable et libère notre imagination trop longtemps noyé dans la masse. Une maîtrise inégalable des instruments, des plugins surtout, mais aussi des ambiances et de la trame de fond car II est avant tout un conte écrit pour tous. Je laisse le soin à Théophile Gautier d’achever cette chronique :

 

Le pin des Landes

 

On ne voit en passant par les Landes désertes,

Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,

Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes

D'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc ;

 

Car, pour lui dérober ses larmes de résine,

L'homme, avare bourreau de la création,

Qui ne vit qu'aux dépens de ce qu'il assassine,

Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !

 

Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,

Le pin verse son baume et sa sève qui bout,

Et se tient toujours droit sur le bord de la route,

Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.

 

Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;

Lorsqu'il est sans blessure, il garde son trésor.

Il faut qu'il ait au cœur une entaille profonde

Pour épancher ses vers, divines larmes d'or !

 

Théophile Gautier

Que dire de plus ?

 

Raphaël Lenoir

 

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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 22:49

NOVO_21_focus_bachCage1_cAymeric-Giraudel.jpg 

 

En préambule, je devrais tout d’abord vous signaler que je vis actuellement sur Metz et évolue dans une classe préparatoire. Pour les sorties en semaine on va dire que ce loin d’être gagné. Pourtant j’ai eu la surprise (immense, faut–il encore le souligner) d’être allé voir un pianiste que je ne connaissais a priori ni d’Adam ni d’Eve (c’est d’ailleurs bien dommage) avec une partie de ma classe et mon professeur de français, organisateur de la sortie. Je reconnais mes torts, aussi, j’aurais dû m’informer auparavant de ce fameux pianiste, mais j’entrai tel un naïf insolent dans l’Arsenal, remarquable salle de concert grâce à une acoustique finement travaillé. Mais ça aussi je ne le savais pas avant d’entrer. Je m’introduis donc dans le complexe avec un a priori plutôt négatif (quelle erreur !) car à ce moment-là je m’imagine encore un concert de musique classique  et peut-être banal. Je ne connaissais alors seulement les compositeurs qui seraient joué c’est-à dire Bach et Cage sur lesquels je ne connais encore aujourd’hui que peu de choses.

 

Jean Sébastien Bach n’est, j’espère, plus à présenter, l’Allemand le plus célèbre après Goethe (peut-être) est encore à ce jour le 2e musicien le plus joué sur la planète (le 1er ne devrait pas être trop difficile à trouver) et est le symbole même de la musique baroque du 18e. Ce compositeur prolifique est le maître de la structure musicale à travers le contrepoint ainsi que de l’architecture en plusieurs voies.

Tandis que quelques siècles plus tard, naquit le californien John Cage, un des plus fervents défenseurs de la musique contemporaine. Il cumule les centre d’intérêt, tantôt philosophe, musicien engagé et compositeur émérite, il n’a de cesse de pousser encore plus loin les champs d’expérimentations et les domaines de réflexions notamment la frontière entre la musique et les autres arts, le statut de la musique dans la société moderne, la frontière entre le bruit et la musique, le naturel et l’artificiel.

Baccage ou Bachcage voilà le titre du spectacle joué par Francesco Tristano. Pour la biographie il suffit d’aller voir son site ou bien Wikipedia. Notons cependant qu’il est passé par la Julliard School qui a vu passé dans ses rangs ni plus ni moins que Miles Davis, Thelonious Monk, Philip Glass…

Tristano est un artiste précoce, il a à peine trente ans et en paraît 10 de moins alors qu’il compte déjà 5 albums au compteur ainsi que des maxi qui reprennent plus ou moins ses œuvres à lui ou encore celles de ses illustres pairs. Ce qui nous intéresse dans ce blog, c’est-à-dire le côté électronique, provient du fait que le luxembourgeois est un adepte de la scène ambiante, voire techno à travers ces diverses associations avec Murcof, Carl Craig, ou Moritz Von Oswald. Du beau monde donc, mais mon degré d’ignorance est tel que cette sortie révèle alors de la pure et simple formalité dans le but de s’ouvrir à un « nouveau monde » qu’est la musique classique et contemporaine.  

 

Lorsqu’on pénètre dans l’antre de l’Arsenal, la bonne surprise est que Francesco n’a pas oublié son matériel (c’eut été un comble pour dire vrai) puisque divers enceintes de taille imposante cernent l’auditeur de part et d’autre de la scène. Le piano est au centre et (o joie !) un synthétiseur couplée au piano via divers câbles et relié à un pc se situant sur le piano. Point de partition, Francesco fait son apparition dans le silence général d’un public déjà réceptif.

Je sens déjà que je vais aimer ce francophone, car le début révèle plus du drône électronique que de la musique classique au sens stricte : il se met à jouer une note puis un accord ronronnant au synthé, le son est modulé puis amplifié dans les enceintes. Voilà donc une très bonne entrée en matière avec une mise en orbite progressive accompagné d’effets pour le moins surprenant puisque Francesco se met à travailler directement sur les cordes-mêmes du piano, en les pinçant il arrive à produire des sons étoffés doté d’un écho hallucinant, un peu à la manière de Cage justement. Le travail numérique est par conséquent totalement présent dans cette première intro d’une dizaine de minutes me semble-t-il bien que cela ait pu durer une heure ou quelques secondes. 

Vient ensuite la partie Bach, celle sans doute la plus convenue mais pas forcément la moins intéressante car Francesco cherche à dissimuler les écarts entre Cage et l’Allemand et sublime donc les morceaux avec un traitement électronique léger apportant une certaine candeur aux menuets et autres… L’aura que dégage ce pianiste est captivante voir troublante, il a le don de rendre sa musique vivante, comme si elle virevoltait tout autour de nous avec espièglerie. La construction « architecturale » typique de Bach prend une toute autre mesure lorsqu’un virtuose le joue soyez en certain. Voir le luxembourgeois jouer devant nous et pour nous crée une sensation intimité entre lui et le public qui ne m’avait alors jamais autant frappé.  

Enfin, la révélation. 15 min intense et de pures folies. Sur l’un des derniers morceaux de Cage, Tristano  se met à frapper sur le cordes à créer des distorsions et de multiples effets via le synthé et l’ordinateur, de l’improvisation pure, novatrice, maîtrisé, et avec encore ce brin de folie. Les percussions se mettent en place, le show électro-acoustique clame premièrement se transforme progressivement en un morceau tumultueux et grandiose où les lignes de basses et de glitchs s’ajoutent au fur et à mesure et contrebalancent les accords de plus en plus effrénés au piano. On se met à frissonner, à délirer tout simplement. Une fièvre nous envahit, le luxembourgeois lui aussi et se lève sur les derniers accords, accentuant sa présence scénique et donne du « corps » à ce concert tout simplement grandiose.

 

Je ne peux pas vous dire quoi que ce soit d’autre à part vous conseiller d’écouter Francesco Tristano au moins une fois ou allez tout simplement le voir, vous ne serez pas déçu du voyage si vous ayez, un tant soit peu, ouvert votre esprit à de nouveaux horizon. Et c’est alors là que se fera la révélation…

 

Raphaël Lenoir

 

La vidéo date un peu mais je ne m'en lasse vraiment pas, j'éspère qu'il en sera de même pour vous:

 


 
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